mardi 22 avril 2014

Philippe #Tesson : que François #Hollande se taise et s'efface 

François Hollande, président de la République.
Que les tricheurs qui nous gouvernent se donnent des airs de vertu, cela est déjà insupportable. Qu'ils soient de surcroît inefficaces, cela est impardonnable. C'est ajouter l'insulte à l'injure, l'imposture morale au délit d'incompétence. François Hollande et les siens sont l'exemple de ce double crime. L'excès de notre langage est à la mesure de la médiocrité de leurs actes.
Médiocre est le mot qui convient. Il évoque la petitesse et la faiblesse, la velléité et le louvoiement, la combine et le mensonge. Leurs intentions ne sont pas franchement malhonnêtes. Mais ils ne sont pas à la hauteur de celles-ci. Elles sont polluées par leur sectarisme, leurs intérêts claniques, leur culture idéologique et au premier chef leurs ambitions concurrentes. Seule une autorité incontestable et digne de la fonction présidentielle serait venue à bout de ces pesanteurs et du désordre qu'elles créent. Elle fait défaut depuis deux ans.

La fragile conscience de Hollande

L'affaire Aquilino Morelle est révélatrice de ce pandémonium. Voici un homme, dont on apprend ce que l'on murmurait depuis longtemps, qui exerçait une influence considérable sur le président de la République au coeur de la forteresse de l'Élysée. Ses moeurs ridicules de parvenu aux frais de l'État ne sont que détails anecdotiques en regard du pouvoir dont on dit qu'il disposait sur la fragile conscience de François Hollande, s'il est vrai qu'on peut mettre à son actif l'assassinat de Jean-Marc Ayrault et la promotion de Manuel Valls, et autres faits d'armes politiques comme le célèbre discours du Bourget, fondateur de la politique hasardeuse menée par le chef de l'État durant ces deux dernières années.
Comment croire un instant que Hollande ignorait la vérité sur la nature de l'homme dont il avait fait son conseiller privilégié ? Le scandale est moins dans les compromissions supposées de Morelle en échange d'un plat de lentilles que dans l'éternel double langage de vertu et de roublardise que tient Hollande. Le scandale est surtout dans l'arrogance de ce dernier, sauf à le croire plus naïf qu'intelligent, une arrogance où se mêlent le déni orgueilleux de la réalité, le dédain des autres, l'assurance insolente de soi-même, le mépris de la fonction et une forme de cynisme vulgaire. 

Le désaveu de Hollande

À bien l'analyser, cette phrase prononcée vendredi dernier par Hollande devant les syndicalistes de Michelin traduit son égocentrisme et son aveuglement : "Si le chômage ne baisse pas d'ici 2017, je n'ai, ou aucune raison d'être candidat, ou aucune chance d'être réélu." Qui le lui demandait ? Qui se préoccupe de son avenir ? Son ambition personnelle à l'échéance de 2017 est-elle le problème ? Qui doute un instant qu'il n'a pas la moindre chance d'être réélu s'il ne réalise pas ses promesses, notamment celle qui concerne l'emploi ? Est-il à ce point inconscient de ses échecs et de son discrédit pour continuer à se croire plus fort que la réalité ? Ne voit-il pas que tout lui a échappé : le peuple et sa propre majorité ? Pense-t-il que le Premier ministre qu'il vient de nommer, la main forcée, lui laisserait le bénéfice d'une amélioration de la situation de la France, si elle s'avérait ?
Il a eu le mauvais goût de dire cela devant des gens dont la fonction est de défendre les intérêts de travailleurs qui viennent de le désavouer et qui contestent son changement de cap politique. C'est non seulement un aveu de faiblesse et d'échec, c'est une demande de sursis et c'est une maladresse politique. Il ne lui reste qu'une issue : faire profil bas durant les trois ans qui viennent, laisser la responsabilité des affaires au gouvernement, à charge pour celui-ci de mener si faire se peut une politique contraire à celle qu'il avait annoncée, jouer les présidents croupions comme sous la IVe République dont il est l'héritier. En gardant le droit de dissoudre avec l'espoir incertain d'une cohabitation que la droite sera bien avisée de refuser. Puis disparaître de la circulation.

source:http://www.lepoint.fr/invites-du-point/philippe-tesson/philippe-tesson-que-francois-hollande-se-taise-et-s-efface-22-04-2014-1814982_543.php

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