mardi 17 juin 2014

Bientôt des radars pour mesurer l’alcoolémie des conducteurs ?




Déjà bien installée sur le bord des routes, avec les télépéages sans arrêt, les radars automatiques ou bien les appareils qui flashent les conducteurs grillant les feux rouges, la télédétection se prépare à entrer dans la voiture. Pour aller renifler l'haleine des automobilistes et y chercher des traces d'alcool. C'est du moins le projet proposé par un trio de chercheurs de l'Institut militaire de technologie de Varsovie (oui, je sais, certains s'esclafferont devant l'origine de cette recherche et ne manqueront pas de rappeler qu'ils ont "connu une Polonaise qui en prenait au petit déjeuner", mais il ne faut pas oublier que, dans la scène d'ivrognerie – et d'anthologie – des Tontons flingueurs, ce sont des petits gars bien de chez nous qui s'arsouillent...). L'idée de ces scientifiques est d'obtenir une détection efficace des personnes qui conduisent sous l'emprise de l'alcool, afin de réduire significativement les accidents de la route mortels.


Dans une étude publiée en mai par le Journal of Applied Remote Sensing, Jaroslaw Mlynczak, Jan Kubicki et Krzysztof Kopczynski, trois spécialistes des lasers, décrivent l'expérience grandeur nature qu'ils ont menée. Le principe est un peu le même que celui d'un éthylomètre : on analyse l'air exhalé pour voir s'il contient de l'éthanol car, après avoir transité par le système digestif et être passée dans le sang, une partie des molécules d'alcool ressort via les poumons. La difficulté de l'exercice consiste à réaliser cette analyse à distance, sans arrêter la voiture. Pour y parvenir, ces chercheurs s'appuient sur la spectroscopie, cette technique qui a par exemple permis de découvrir au XIXe siècle la composition du Soleil. En étudiant le spectre lumineux de notre étoile, on s'est aperçu qu'il était strié de raies sombres : à ces endroits très précis, les éléments chimiques présents dans l'atmosphère solaire absorbaient la lumière, ce qui trahissait leur présence.

L'idée des chercheurs polonais est donc d'installer un appareil sur le bord de la route envoyant un laser dont la longueur d'onde correspond à celle de la raie d'absorption de l'éthanol. Le rayon traverse l'habitacle et il est réfléchi par un miroir de l'autre côté de la chaussée. Le laser voyageant à la vitesse de la lumière, il a largement le temps de retraverser la voiture dans l'autre sens avant qu'elle ne soit passée, ce qui va amplifier son absorption en cas de présence d'alcool, puis il termine sa course dans un récepteur qui analyse le spectre. En plus de l'alcool, l'appareil tient compte du dioxyde de carbone et de la vapeur d'eau émis par la respiration, ainsi que des vitres.

Si jamais l'analyse est positive, il est prévu que le système envoie à une patrouille un message contenant une photographie du véhicule et de sa plaque d'immatriculation. A charge pour les policiers d'arrêter ensuite la voiture et de vérifier l'alcoolémie du conducteur avec un éthylomètre conventionnel.  Lors de l'expérience grandeur nature qu'ils ont effectuée, ces trois scientifiques sont restés sobres. Ils se sont contentés d'installer dans la voiture un récipient contenant une solution faiblement alcoolisée, laquelle, en s'évaporant, a simulé les exhalaisons chargées en éthanol. Les résultats montrent que le dispositif est assez sensible pour détecter l'équivalent de ce que rejetterait un humain ayant 0,1 gramme d'alcool par litre de sang. Pour rappel, en France, il est interdit de conduire avec un taux égal ou supérieur à 0,5 g/l.

Les auteurs de l'étude expliquent qu'ils veulent maintenant passer au stade du prototype. Ils soulignent que leur système n'évitera pas les erreurs, par exemple si ce sont les passagers qui ont bu ou si de l'alcool a été renversé dans l'automobile. Pour eux, ces faux positifs sont un mal nécessaire. Ils expliquent également que certains malins tenteront probablement de contourner la télédétection soit en conduisant vitres baissées, soit en installant des pare-soleil. Leur appareil étant capable de repérer ces changements, les chercheurs suggèrent qu'il envoie systématiquement un message aux policiers dans ces cas douteux...

Source ; http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2014/06/16/bientot-des-radars-pour-mesurer-lalcoolemie-des-conducteurs/

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